
Interview avec Marthe Truyen, vainqueur en 2022: « Super d’être la première au palmarès »
Les organisateurs de la Ladies Cycling Cup ne pouvaient pas plus être ravis après la première édition. Voir la jeune Anversoise Marthe Truyen s'imposer dans ce challenge regroupant les courses anversoises du calendrier UCI était la meilleure chose qui pouvait leur arriver. Pour Marthe Truyen, ce Challenge lui a également permis de se révéler au plus haut niveau. « C'est super d'être la première au palmarès de ce classement de régularité. Le fait d'avoir été chercher plusieurs Top 10 dans ces épreuves a joué en ma faveur dans l'obtention d'un contrat pro chez Fenix-Deceuninck. » Le tout pour une première sur la route. « C'était ma première saison complète sur la route. Avant cela, j'étais concentrée sur le cyclo-cross où les résultats ont tardé à arriver et là, tout se passe bien. » D'inconnue à 3e de Paris-Roubaix cette année en passant par la Ladies Cycling Cup, Marthe Truyen revient pour Belgian Cycling sur ce conte de fée.
Tout a commencé à Borsbeek, au Grand Prix Mazda Schelkens, une nouvelle course au calendrier et directement une 3e place. « Nous avions une belle équipe au départ. Dans l’avant-dernier tour, une grosse chute au peloton a fait la sélection. Nous avons sprinté à 21 et je prends la 3e place. J’avais un double sentiment. Je manque la victoire, mais j’obtiens mon premier podium sur une course UCI. »
A Nijlen, une semaine plus tard, à domicile, elle grimpe une place et s’incline logiquement face à l’Italienne Chiara Consonni. « C’est une des meilleures journées de ma carrière. L’arrivée est à moins d’un kilomètre de la maison. J’avais beaucoup de supporters sur la route. C’était vraiment à la maison. Chiara Consonni me bat facilement au sprint, mais c’est une cliente, il n’y a pas de honte à perdre contre elle. » Consolation. Après deux manches, elle vire en tête du classement. « J’ai commencé à y penser à partir de ce moment-là. Sans en faire un objectif prioritaire, je me disais que ce serait bien d’aller au bout. »
Au 2 DistrictenPijl Ekeren-Deurne, début juillet, on la croyait favorite dans un groupe de quatre, mais elle se fait surprendre par la Polonais Daria Pikulik. « Je ne la connaissais pas du tout. Nous avons attaqué à 15 kilomètres de l’arrivée. Je pouvais une fois essayer de la part de l’équipe. Si ça ne marchait pas, je devais miser sur le sprint. L’offensive a payé, mais elle m’a surpris de l’arrière. Elle était vraiment rapide. » Finalement, quand on voit ses références par après, la défaite est moins amère. « Ensuite, elle fait 6e au Championnat d’Europe. En début de saison, elle claque une étape au Tour Down Under. Je n’ai pas perdu contre n’importe qui. On reparlera de Daria Pikulik. »


UNE ANNULATION SALVATRICE
Malgré cette 2e place, elle consolidait son avance au classement sur Danique Braam. Au comble de la chance, l’arrêt du Grand Prix Yvonne Reynders à cause du déluge a également joué en sa faveur. « J’avais décidé de faire l’impasse. Je n’étais pas encore rétablie d’une chute au Tour de Scandinavie. J’étais encore cassé de partout. Que l’épreuve n’ait pas été à son terme est avant tout dommage pour les organisateurs, mais c’est vrai que mathématiquement, c’était bon pour moi. » C’est avec 12 points qu’elle se présentait au départ de la dernière manche, le Grand Prix Beerens Aartselaar, début septembre. Pas encore à 100%, elle terminait 7e du sprint et assurait sa victoire à la SKM Ladies Cycling Cup. « Il y avait la montée De Schorre qui étirait le peloton, mais ce n’était pas suffisamment dur pour éviter le sprint. Ce n’était pas ma meilleure journée, mais c’était suffisant pour garder mon maillot noir de leader. »
Ses prestations ont convaincu ses dirigeants de lui donner un contrat pro au sein de la WorldTeam et ils ont eu raison. Début avril, elle terminait 3e de l’Enfer du Nord. « Je savoure encore maintenant ce moment. C’était une journée parfaite. Quand je pense que j’en étais presque au point de décider entre le travail et le vélo il y a un an et demi et maintenant, je suis sur le podium de Roubaix. C’est extraordinaire. » La suite de la saison réserve encore bien des aventures à Marthe Truyen, qui ne devrait pas s’aligner sur les manches des Ladies Cycling Cup pour privilégier d’autres objectifs.
Elle participera, le 21 mai, à l’Antwerp Port Epic. « Si cette course pouvait s’ajouter à la Ladies Cycling Cup, ça ajouterait du piment, car il manque une belle grosse course sélective. » Après la Veenendaal Classic, elle fera le premier stage en altitude de sa vie dans l’espoir de décrocher une sélection pour le Tour d’Italie. Mais promis, elle suivra la Ladies Cycling Cup de près. « En tout cas, j’encourage les organisateurs à continuer de la sorte. Si ça offre des opportunités à des jeunes belges, c’est génial. » On a déjà hâte de savoir quelle Belge va se révéler en 2023.